Au mois d’Avril, un dimanche matin, le hasard voulut, qu’un homme vivant sous un rocher dans la vallée de Lampy, fût bêtement découvert.
Un charron de Saissac, accompagné du régisseur M. Maurel de la ferme Massillargues, cherchait de jeunes frênes droits qu’ils voulaient destiner à la confection de timons.
Le charron longeait le ruisseau, le régisseur se déplaçait dans la pente encombrée de végétaux lorsque, à quelques mètres, il vit un homme assis. Surpris (le bruit d’une cascade avait couvert l’arrivée) l’homme ne chercha pas à s’enfuir.
Rentré à la ferme, le régisseur fit part à la propriétaire de la découverte de cet homme, un Espagnol; il fut signalé à la gendarmerie. Les bergers virent passer les gendarmes, le vélo à la main; emmenant, celui que l’on appela «l’Hermite».
Son abri adossé à un rocher et situé près de la cascade dite de Baret, était protégé d’un côté par un mur en pierre sèche, il contenait deux ou trois ustensiles de cuisine, des boites, une petite réserve de blé et de la fougère séchée. Le dépôt des déchets fit penser que l’homme vivait là depuis plusieurs mois. Des traces de pas avaient été relevées par le métayer de la ferme Le Picou.
Ce dernier sortait parfois la nuit pour tirer les sangliers qui ravageaient les récoltes avec un fusil qu’il n’avait pas rendu. Son intérêt était de ne rien dire et pourtant, les traces relevées dans les champs le conduisaient toujours au bord du ruisseau à un endroit appelé «Nado – Grél».
Quelque mois après, non loin du rocher de « l ‘Hermite », un couple vint se réfugier (sûrement suite à un accord) dans une cabane située dans un gros massif de houx qui jouxtait le côté droit du chemin conduisant à la ferme Massillargues, au lieu-dit la «bouissouno».
Lui, se disait bûcheron (?) En fait, il jouait souvent de l’accordéon.
A la ferme, on leur gardait un peu de pain sans que le boulanger qui faisait des tournées le sache.
De temps à autre, le couple s’absentait, il ravitaillait les hommes de la ferme en tabac en échange de menu gibier : lapins, lièvres, perdrix, capturés au piège par deux jeunes frères placés à Massilllargues pour la nourriture.
La propriétaire Mademoiselle Cau, exploitait la ferme en régie directe.
Au mois de juin 1944, des maquisards vinrent prendre un veau et une génisse, ils étaient venus prendre une vache.