Bals à Saissac
Fêtes et divertissements
Avant la guerre de 1939, pendant la belle saison, il ne se passe point de dimanche qu’on ne festoie, s’amuse et danse. Fêtes locales, patronales ou votives, l’été les pare de toute la rayonnante splendeur de ses journées radieuses et les embellit de la sereine profondeur de ses nuits de velours. Bals en plein vent d’où s’échappent les éclats de rire à pleine bouche, les polkas, le hoquet des canettes qu’on débouche, les gros verres trinquant sur les tables.
Et parmi les chocs des rires et des voix et du vent fugitif dans les ramilles vertes, le bourdonnement aigrelet des cornemuses enrubannées ou le bruissement acidulé de l’accordéon.
Le triomphe de l’accordéon
Entre les deux guerres seuls les ménétriers qui ont opté pour l’accordéon diatonique obtiennent un sursis. Paul Bastie de la Colle de 1925 à 1937, Lisou Campanel de Saigne-Villemagne, Tartosal jouent à la demande de l’accordéon ou de la cornemuse.
« Une fois par semaine on se retrouvait dans une campagne où Louisou des Roques ou Paul de la Colle nous faisaient danser au son de leur accordéon. C’est là qu’on pouvait rencontrer des garçons. Quand une fille et un garçon se plaisaient, ce dernier se louait dans la métairie de la fille, pour la voir souvent, mais aussi pour montrer ses mérites et plaire aux parents. »
Pendant la guerre
Les bals étaient interdits, mais partout avaient lieu les « bals clandestins » toujours à la merci d’une dénonciation et d’une descente de la gendarmerie.
A Saissac les dansent avaient lieu chez « Lucien », un simple d’esprit qui habitait à l’actuelle maison de Louise Paule. Le plancher de la maison vibrait pendant les danses, faites au son d’un « pick up » ou d’un phonographe à manivelle.
On dansait au Colombier haut, à Bataillé, à Peyrolemal, à Saint Pierre où 30 à 40 couples se trémoussaient sur la branlante étable des vaches.
A Saigne-Villemagne, les Roques, c’était André Limousis de Bouriac, un cycliste réputé, qui amenait son « fono » sur le porte bagage de son vélo et animait les bals clandestins, au Moulin de Sempel l’on guinchait sur la route.
Musiciens
A Saissac, on garde le souvenir du jeune Tadiotto, accordéoniste de talent, qui disparut pris dans une rafle par les allemands, alors qu’il descendait en vélo à Carcassonne, son « tira buta » sur le dos, prendre des leçons d’accordéon.
Louisou Bousquet jouait dans les campagnes. Mais souvent c’étaient les « pick up » de Bastoul ou d’André Limousis qui animaient les bals. Rodriguez « Michel de la Bastide » à l’accordéon avec Séverin Antolin à la batterie chauffaient les valses, les marches et les javas.
Après la libération et la Victoire
Les bals ont lieu sous la halle de Saissac, l’orchestre est juché en hauteur, sur un praticable en bois où il a tout juste la place de s’installer.
Les couples tournent autour du pilier en bois de la salle, pas encore dallée.
Les mères assises sur des bancs de bois placés autour de la piste, surveillent attentivement les jeunes filles. Des idylles se nouent au milieu du ronron des orchestres « modernes ».
« Passé Simple » de Jean Michel
Extérieur et Intérieur de l'ancienne salle des fêtes