OCCUPATION DE LA ZONE SUD
En 1942 la deuxième moitié de la France fut occupée. La première armée arriva dans le Sud-ouest, elle installa son quartier général à Toulouse.
La ville de Castres fut occupée le 18 novembre.
Selon toute vraisemblance, la préoccupation première était d’ordre stratégique.
Venant de Carcassonne, deux contingents occupèrent Saissac et Cuxac-Cabardès, villages chefs-lieux de canton situés chacun sur une route coupant la Montagne Noire (classées alors nationale 118 Mazamet–Carcassonne et la 629 Revel-Carcassonne).
A Saissac, ils réquisitionnèrent des jeunes du village pour essarter dans le bois communal de l’Alquier au lieu-dit Mountosi.
Cet endroit, situé entre la route 629 et la limite de partage des versants, est un couloir naturel situé entre les deux vallées Sor et Lampy, (vallées difficilement franchissables par du matériel lourd).
Après l’essartage, quelques jours après, des mines furent posées dans ce couloir.
A Saissac la pose de barrières, la mise en place de sentinelles et du couvre-feu; furent des mesures immédiates.
Un événement fit prendre conscience des dangers qu’il y avait à ne pas les respecter.
François Bastoul habitait chez ses parents avec ses frères et sœurs à la ferme Saint de Villemagne.
De temps en temps, il allait la nuit rendre visite à une amie qui habitait au village dans la rue de l’Autan.
Pour déjouer la vigilance des sentinelles, il passait entre l’église et le Château en empruntant les sentiers des jardins.
Tard un soir alors que la nuit était très sombre, à peine eût-il mis les pieds sur la chaussée de la route conduisant au village, que sommations suivies de coups de feux ne firent qu’un.
Un prompt demi-tour, un saut à gauche, un autre à droite ; entouré d’éclairs et d’éclats d’écorces arrachées par les balles aux châtaigniers qui bordaient le chemin, François s’enfuit à toute jambes vers la ferme; la patrouille sur les talons.
Toute la maisonnée, fut alignée dans la cuisine, les mains contre les murs.
L’officier commença par interroger François qui avait des difficultés à se tenir debout. Tétanisée par la peur, Eugénie la mère fit un reproche à son fils, en précisant la cause de son inconduite. Ce reproche inattendu et singulier, sauva la famille; la patrouille s’en alla.
La nuit, dans le village, les patrouilles faisaient beaucoup de bruit ; les bottes ferrées des soldats tenaient mal sur les pavés arrondis des rues faites de cailloux de récupération. Elles allaient se mettre en embuscade en dehors du village à la croisée des chemins; celle qui surprit François, était cachée dans le fossé de la route à la hauteur de la ferme Pratmoulis habitée par la famille Azéma (entrée actuelle du village).