Articles de saissac
La vie à Saissac en 39-45 (5)
UN SOLDAT ALLEMAND FUSILLE PAR LES SIENS
Au cours de l’occupation de Saissac; un soldat allemand tenta de rejoindre le maquis. Profitant du repas de midi, il quitta le village. Imprudence fatale, il emprunta la route de Lampy.
Repris au niveau de la ferme Picarel; enfermé dans une pièce de l’ancienne école des filles, il fut fusillé le lendemain dans le champ dit des «Frênes» situé en contrebas de la route 629 à un kilomètre du village. Dans la matinée, un poteau de deux mètres fut planté à la bordure du champ.
Au début de l’après-midi, une centaine de soldats venus de Saissac fut disposée sur trois ou quatre rangs face au poteau, le soleil dans le dos.
Des voitures descendirent le chemin (la draille) jusqu’au ruisseau qui allait à Saissac.
Sorti d’une voiture, le condamné fut transporté et attaché au poteau. Pendant un très long moment, une heure, peut-être plus, des officiers se relayèrent pour faire des discours avec gestes et grands éclats de voix. Plusieurs coups de feu furent tirés, Louis Bastoul les entendit, il cultivait un champ à Laguille.
A son retour le soir, attiré par de la terre fraîchement remuée, il constata à l’aide de l’aiguillon la présence d’un corps enseveli à faible profondeur.
Arrivé à la ferme, il s’empressa d’aller informer le maire M. Raucoule. (10)
10. Les témoins : Léon Ourliac, Eliette, Albin Bousquet et Jean Téruel
J. Michel "Passé Défini"
Le sceau de Saissac
Saissac, son sceau
Sceau de forme discoïdale, de 54 mm de diamètre, représentant un château maçonné, ouvert, à trois tours crénelées percées de baies, sur des rochers. Il ne faut pas voir là une véritable représentation du château de Saissac mais une représentation symbolique, tous les châteaux étant représentés de cette façon sur les sceaux et armoiries.
Cette figuration montre cependant l’importance que le château de Saissac avait dans l’imaginaire de ces habitants. La légende en latin est la suivante S[IGILLVM CONS]VLVM DE SAISAC[O] ce qui se traduit par « Sceau des consuls de Saissac ».
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Un héros ordinaire ! Bertrand Lamourelle
Bertrand Lamourelle
A la veille de l'anniversaire de la victoire du 8 mai 1945, on ne peut que se souvenir des combats qui marquèrent notre région à la Libération et qui virent la mort de nombreux résistants. Ce fut le cas de Bertrand Lamourelle, tué à 20 ans, lors des affrontements qui opposèrent son maquis, le corps franc de la Montagne Noire, aux forces ennemies.
«Le patriotisme, c'est une conscience droite, c'est une susceptibilité ultrasensible sur le chapitre de l'honneur et du devoir.» (B.-Lamourelle).
Né le 2 janvier 1924, B.-Lamourelle est le petit-fils d'Alphonse Lamourelle, le fondateur de la principale entreprise de tri de chiffons carcassonnaise. Après avoir obtenu le baccalauréat (série mathématiques), il est, à la fin de l'année 1943, en première année de l'Ecole supérieure de commerce de Toulouse, mais, en contact avec les milieux de la Résistance, il veut s'engager militairement en toute conscience des risques encourus. C'est ce qu'il fait en juin 1944 en gagnant le Corps Franc de la Montagne Noire ; il laisse une note destinée à ses parents : «Le patriotisme c'est une conscience droite, c'est une susceptibilité ultrasensible sur le chapitre de l'honneur et du devoir. C'est le respect de la parole donnée. Pour finir, c'est accepter de se faire casser la pipe pour barrer la force brutale, soutenir le faible, défendre la justice, rendre témoignage à la liberté, pour que son pays sauve son honneur».
Le Corps Franc de la Montagne Noire
Depuis 1943, des réfractaires au service du travail obligatoire et aux chantiers de jeunesse se sont réfugiés dans la région du Lampy et d'Arfons et le Corps Franc de la Montagne Noire va se former par la fusion de groupes de combattants déjà constitués, venus du Tarn, de l'Hérault, de la Haute-Garonne et de l'Aude, au début de 1944. L'ensemble, commandé par Roger Mompezat, regroupe à partir de juin quatre camps autour de la forêt de Ramondens, distants de 5-km à vol d'oiseau et sur une aire de 50-km2 environ, pour un effectif qui approche 600 hommes, au moment du débarquement de Normandie. De leurs bases montagnardes, les maquisards mènent plusieurs opérations couronnées de succès dans l'Aude et dans le Tarn. Les Allemands, se sentant sous la menace constante de ces raids qu'ils ne peuvent prévoir, déclenchent, du 20-au 25-juillet, une violente attaque sur la Galaube avec de gros effectifs et l'aide de l'aviation. Les pertes dans les rangs des résistants sont élevées et les chefs prennent la seule parade possible en raison de la disproportion des forces en présence : la dispersion des maquisards pour échapper à l'étreinte allemande puis leur regroupement dans l'Hérault pour continuer la lutte.
Le dernier combat
Effectivement, à partir du 17-août, le CFMN s'attaque à la dix-neuvième armée allemande qui fait retraite vers la vallée du Rhône et c'est lors de l'un de ces combats, au pont de la Mouline (au nord de Saint-Pons) qu'est tué Bertrand Lamourelle, le 23. Ce jour-là, 120 hommes du Corps Franc affrontent un ennemi bien supérieur en nombre, qui réussit à prendre dans une véritable nasse les résistants. Ces derniers font perdre à l'ennemi une centaine de combattants, le retiennent une demi-journée mais, au témoignage du commandant Mompezat : «Lamourelle Bertrand, qui s'est battu comme un lion, roule à terre, son fusil- mitrailleur à la main, en criant : Vive la France !».
Cérémonie au monument du Corps Franc à Saissac,
en présence de la mère de B Lamourelle.
Un héros ordinaire ! Maurice Ancely
Maurice Ancely
Un héros du Maquis de Saissac
parmi d'autres ...
http://musiqueetpatrimoine.blogs.lindependant.com/archive/2015/02/17/maurice-ancely-207430.html
La vie à Saissac en 39-45 (4)
OCCUPATION DE LA ZONE SUD
En 1942 la deuxième moitié de la France fut occupée. La première armée arriva dans le Sud-ouest, elle installa son quartier général à Toulouse.
La ville de Castres fut occupée le 18 novembre.
Selon toute vraisemblance, la préoccupation première était d’ordre stratégique.
Venant de Carcassonne, deux contingents occupèrent Saissac et Cuxac-Cabardès, villages chefs-lieux de canton situés chacun sur une route coupant la Montagne Noire (classées alors nationale 118 Mazamet–Carcassonne et la 629 Revel-Carcassonne).
A Saissac, ils réquisitionnèrent des jeunes du village pour essarter dans le bois communal de l’Alquier au lieu-dit Mountosi.
Cet endroit, situé entre la route 629 et la limite de partage des versants, est un couloir naturel situé entre les deux vallées Sor et Lampy, (vallées difficilement franchissables par du matériel lourd).
Après l’essartage, quelques jours après, des mines furent posées dans ce couloir.
A Saissac la pose de barrières, la mise en place de sentinelles et du couvre-feu; furent des mesures immédiates.
Un événement fit prendre conscience des dangers qu’il y avait à ne pas les respecter.
PREMIER DANGER
François Bastoul habitait chez ses parents avec ses frères et sœurs à la ferme Saint de Villemagne.
De temps en temps, il allait la nuit rendre visite à une amie qui habitait au village dans la rue de l’Autan.
Pour déjouer la vigilance des sentinelles, il passait entre l’église et le Château en empruntant les sentiers des jardins.
Tard un soir alors que la nuit était très sombre, à peine eût-il mis les pieds sur la chaussée de la route conduisant au village, que sommations suivies de coups de feux ne firent qu’un.
Un prompt demi-tour, un saut à gauche, un autre à droite ; entouré d’éclairs et d’éclats d’écorces arrachées par les balles aux châtaigniers qui bordaient le chemin, François s’enfuit à toute jambes vers la ferme; la patrouille sur les talons.
Toute la maisonnée, fut alignée dans la cuisine, les mains contre les murs.
L’officier commença par interroger François qui avait des difficultés à se tenir debout. Tétanisée par la peur, Eugénie la mère fit un reproche à son fils, en précisant la cause de son inconduite. Ce reproche inattendu et singulier, sauva la famille; la patrouille s’en alla.
La nuit, dans le village, les patrouilles faisaient beaucoup de bruit ; les bottes ferrées des soldats tenaient mal sur les pavés arrondis des rues faites de cailloux de récupération. Elles allaient se mettre en embuscade en dehors du village à la croisée des chemins; celle qui surprit François, était cachée dans le fossé de la route à la hauteur de la ferme Pratmoulis habitée par la famille Azéma (entrée actuelle du village).
J. Michel "Passé Défini"